Temps de cerveau disponible
Pour paraphraser Charles, on peut sauter sur sa chaise comme un cabri en disant « le robot, le robot, le robot ». Robotisation, digitalisation : pour en faire quoi ?
A supposer qu’on en ait besoin (ce qui n’est pas toujours le cas), prenons comme exemple une entreprise qui se transforme, automatise ses process, ou acquiert une machine plus productive. Les salariés dont les tâches sont remplacées par les robots sont licenciés ; l’entreprise se contente d’améliorer sa compétitivité en réduisant ses coûts.
Croyez-vous qu’elle sera la seule à investir dans un robot ? Ses concurrents agiront de même, et les clients sauront bien vite capter la valeur de l’économie générée.
Une amélioration de compétitivité basée sur le seul gain de productivité est nécessairement fugace et éphémère.
Mais la compétitivité, ce n’est pas seulement la productivité.
Examinons donc une autre entreprise, qui robotise ses process tout comme la première. Elle en profite non pas pour licencier mais pour redéployer ses collaborateurs autour de nouvelles missions, orientées vers l’amélioration des services au client, l’innovation, l’adaptation aux nouveaux usages du consommateur final, etc.
Résultat : elle se différenciera durablement de ses concurrents.
En d’autres termes, robotiser (et ses cousins : digitaliser, numériser, informatiser) est parfois nécessaire, mais certainement pas suffisant.
Le robot, l’intelligence artificielle, ne remplaceront pas les trois formes d’intelligence intrinsèquement humaine que sont l’intelligence créative, l’intelligence cognitive, et l’intelligence manuelle.
Lorsque le robot se substitue à des tâches automatisables, il laisse ainsi la place à du temps de cerveau disponible pour être créatif, astucieux, malin, empathique, inventif, compréhensif, perspicace, futé, subtil…
Encore faut-il savoir s’en servir !
Sic transit mundi.